1908. Cette année-là, les cendres d’Emile Zola sont transférées au Panthéon, la philosophe et romancière Simone de Beauvoir voit le jour, Emile Courtet présente le premier dessin animé cinématographique…Et Charles Gibron crée la plus ancienne et renommée épreuve de jeu provençal.
Le 6 septembre 1908, 167 équipes s’alignent au départ de cette compétition, interrompue à plusieurs reprises notamment pendant les guerres, qui changera d’appellation, se disputera sur différents lieux mais restera celle où se sont révélés les plus grands champions, forgées les plus solides réputations.
Premiers à inscrire leurs noms sur le plus prestigieux des palmarès longuistes, Batistin Ravizza dit « Le Pich », son frère Charles dit « Le Parpelé » et Michel Prébois dit « Le Grelé ».
Les années qui suivront seront marquées par une opposition entre Varois, les plus en verve dès le lancement et Marseillais, désireux d’afficher leur suprématie sur leurs terres.
Au sortir de la Grande Guerre, une équipe composée de Pierre Benson, Michel Fenoglietto dit « Pinot » et Charles Oderra dit « Charlot », va imposer sa loi. Fait unique dans l’histoire du concours, les organisateurs devront défaire cette triplette hors normes, trois fois victorieuse, finaliste et demi-finaliste entre 1920 et 1924.
Si chaque année, les inscriptions progressent avec une pointe à 889 en 1928, un tassement s’opérera par la suite. Ce qui n’altère pas l’enthousiasme de Marius Ghilardi dit « Sardine », auteur d’un troisième succès en 1945 avant de remporter un nouveau trophée vingt ans plus tard. Une période au cours de laquelle s’illustrent Emile Agaccio, Albert Calanotti, l’homme à la chemise noire, Robert Trovatelli dit « Otello », Jean Tricon dit « Le Japonais », Fernand Michelucci dit « Petit Fernand », le bombardier toulonnais Alphonse Baldi ou Lilou Maurin.
En 1959 se révèle un jeune de la cité Saint-Louis, à Marseille, Emile Lovino, aux côtés des cadors Calanotti-Agaccio. « Milou » s’imposera également en 1995, soit trente-six ans plus tard, mieux que Louis Ruggieri, vainqueur en 1963 et 1997 avec son frère Etienne et Rosati.
Lovino aurait pu en gagner davantage mais ce show-man jouait autant pour lui que pour la galerie, privilégiant souvent les parties d’amis.
Les années 70-90 sont marquées par une nouvelle génération de joueurs, Franck Racanelli puis André Massoni. Ils feront équipe avec Jean-Pierre Pironti avec, à la clé, un doublé en 1982-83. Ce dernier fera parler de lui également en 78 et 89. Quatre victoires au total à l’image de Racanelli.
En 1979, le record de l’efficacité au tir (11 boules frappées sur 14) revient à Maurice Guerrieri avant d’être détrôné par Mohamed Ben Mostefa (14 sur 17) en 2014. Et en 1981, René Girodanengo devient le plus jeune vainqueur aux côtés de son père Jacques et de Navaro.
Le record de participation est établi en 1983 avec 1849 triplettes.
C’est aussi la confirmation du talent de Jo Cavalière, André Gastaldi, Alain Cortès, Claude Carbo, Jean-Pierre Partengo. Et l’enchaînement des succès pour le doué et discret Philippe Roux tout autant adroit au jeu provençal qu’à la pétanque ainsi que pour le grand « Loule » Benoit-Gonin. Cinq victoires au compteur pour l’un comme pour l’autre.
Sur son CV, il ne manquait qu’un Provençal au ferrailleur bas-alpin, Henri Lafleur, après ses titres consécutifs de champion de France avec Capelle et Angelvin. En 2002, il touche enfin au but et n’est pas peu fier de brandir le trophée tant convoité comme l’a fait la sympathique formation Calvez-Mussi-Bonifay en 1992 après deux titres nationaux en poche.
Belles images que celles de Serge Lombardi fêtant ses deux succès avec ses enfants dans les bras en 2000 et 2007.
Les inséparables Fontani-Valdès peuvent se targuer d’avoir inscrit leurs noms à trois reprises (2005, 2010, 2012), années durant lesquelles l’ASPTT Marseille a la charge de l’organisation du concours sous la houlette d’Alain Demichelis et Robert Caturégli avant que La Provence, en 2017, ne couve à nouveau son « bébé ».
En 2017 et 2018, Richard Aumage – Charly Bounoua – Lionel Cerriana d’un côté, Michel Daina – Denis Lanzi – Benjamin Pellegrin de l’autre, créaient la surprise en prenant le meilleur sur tout le monde. L’année suivante, séquence émotion avec la victoire de Roger Casini (flanqué de Julien Ravotti et André Jullien) à l’âge de 72 ans, seul grand titre manquant à son palmarès. Plus conforme, le titre 2020 revenant à Anthony Kerfah, associé à Simon Chamberon (tous deux déjà lauréats) et Christophe Job.
Tous forcément marqués par l’artiste Lovino, disparu en 2007 et par l’élégant André Massoni, le « blond » aux sept couronnes, qui lui a emboîté le pas l’année suivante.